Châtelet d'entréeVaendre arriva enfin à la Grande Place. Elle semblait comme toujours être le centre gravitationnel de la ville où tous les habitants semblaient attirés. C'était le pôle de rencontre de tous les habitants ; jamais on n'y voyait moins d'une trentaine, voire d'une vingtaine de gens, mais aujourd'hui il était impossible de traverser la place sans être dévié de sa trajectoire par la foule d'arnestiliens submergés d'allégresse. Mais paradoxalement, on devinait que cette joie servait à tuer la crainte qui exerçait son règne tyrannique et impitoyable en même temps que l'empereur transylvanien. A première vue, cela semblait fonctionner, car les cris de joies et les rires de tous dissolvaient le temps d'un soir tous les soucis du peuple.
Vaendre se faufila parmi les cohortes de villageois excités, puis pénétra subrepticement dans une sombre ruelles éloignée de la place. La joie et l'excitation des villageois l'avaient quitté en même temps que le calme l'enveloppait.
Il s'élança dans le creux d'un mur.
Deux ombres venaient de tourner à l'angle de la rue. Encapuchonnées et emmitouflées dans d'incertaines capes, elles semblaient simultanément pressés et désireuses de ne pas attirer l'attention, même dans une ruelle déserte, de quelqu'observateur attardé. Elles se hatèrent vers une banale porte, et l'une d'elles resta un moment immobile en observant la porte, du moins l'on put supposer qu'elle l'observât de sous sa cape.
Enfin elle entra mais la seconde resta immobile. Vaendre pencha la tête de quelques centimètres et une fraction de seconde plus tard, l'ombre avait fait volte-face et Vaendre s'était aussitôt recroquevillé dans le creux du mur jusqu'à ne faire plus qu'un avec la roche.
Un long moment s'ensuivit, durant lequel l'ombre espérait que l'espion se trahisse, mais Vaendre finit par remporter le duel, et ce fut l'ombre qui se détourna et s'engouffra par la porte, non sans avoir lancé un regard reflétant toute la méfiance du monde dans sa direction.
Vaendre attendit encore aux environs de cinq minutes avant de se séparer du mur rugueux et d'avancer à pas feutrés vers la porte.
A première vue, elle semblait banale mais après l'avoir observé, Vaendre remarqua un petit symbole étrange et compris aussitôt qu'il n'avait rien d'anodin. Il toqua discrètement, puis entra faisant preuve d'une discrétion indéniable, voyant que personne ne lui répondait. Il devait s'agir de quelque réunion secrète.
Ce qui inquiétait surtout Vaendre, c'est que l'idée d'une réunion secrète lui rappelait quelque chose de très lointain dont il s'était souvenu après avoir recouvert une partie de la mémoire : la conspiration des rebelles.
Les yeux pourpres de la peur se reflétaient dans ceux de Vaendre. Une nouvelle opposition ? Une nouvelle guerre ? Sans doute mais cette fois, la guerre deviendrait un carnage. Les troupes transylvaniennes étaient très entraînées au combat, en tout cas bien plus qu'un peuple qui avait clos l'époque des batailles et du combat glorieux dès la proclamation de l'empereur Dracûlea et dont la majorité ne savait plus comment se tient une épée. Et quand bien même les rebelles seraient victorieux, les transylvaniens fuiraient vers le Nord retrouver leur royaume et reviendraient bien plus nombreux et bien plus armés pour réitérer la guerre qui avait eu lieu il y a plusieurs années. Vaendre chassa ces pensées et avança dans l'obscur couloir qui se présentait à lui.
Sous-sol de la réunion